L
e 4e concert de la saison est une nouvelle étape du voyage dans l'univers de la musique baroque, commencé lors de la précédente saison. Ecrits pour soprano et orchestre vers 1730, les
Laudate Pueri de
VIVALDI (psaume 112) laissent à la soliste soprane l'occasion de déployer tous ses talents de légèreté et virtuosité. L'œuvre était chantée à l'origine par un castrat. Le texte, sorte de motet à la gloire du Seigneur, est religieux ; mais la musique est composée comme un air d'opéra. Dans le 7e verset, Vivaldi fait intervenir la flûte en instrument soliste, choix très nouveau à cette époque, et qui effarouchait encore les esprits traditionnels.
Le Psaume 51 de Johann
Sebastian BACH, "Tilge, Höchster, meine Sünden", pour soprano, contre-ténor, et orchestre, a été écrit en 1740, d'après le Stabat Mater de Pergolèse. L'œuvre a été retrouvée et authentifiée au milieu du XXe siècle seulement. En forme d'hommage rendu au maître, Bach a repris la très belle partition du Stabat Mater,
joyau du baroque italien. Cette adaptation s'appuie sur un texte allemand et luthérien, qui sera porté par les 2 voix solistes, proches et différentes à la fois.
Enfin, Gradus ad Musicam a souhaité, dans ce concert, faire entendre à nouveau le
Concerto pour mandoline en ut majeur d'Antonio Vivaldi, composé en 1725. C'est une œuvre aussi connue que les concertos pour violon des Quatre saisons, écrits la même année. Elle requiert une extrême virtuosité de l'instrument soliste dans le dialogue entre la mandoline et l'orchestre. Le public retrouvera avec bonheur la sensibilité de Benjamin Colin, dont l'interprétation épouse aussi bien la vivacité passionnée des allégros que le charme indéfinissable du largo.
|
Mardi 16
mai 2017 à 20h45
Eglise Sainte-Bernadette
1 rue du général Frère
Vandœuvre-lès-Nancy
Mélodie MILLOT/
soprano
William SHELTON
/
contre-ténor
Benjamin COLIN
/ mandoline
Orchestre
de Chambre
GRADUS AD MUSICAM
Direction : François LEGÉE
Tarifs (hors frais de location) :
21 euros (normal),
16 euros (réduit + carte Cézam),
6 euros lycéens, étudiants ,
gratuit - 16 ans
Contact - Renseignements : Réservations :
GRADUS AD MUSICAM Tél : 03 83 21 09 19
gam@gradus-ad-musicam.com; |
J. S. BACH
Psaume 51
Tilge, Höchster, meine Sünden
La copie, la transcription, l’adaptation et l’élaboration
d’œuvres d’autres compositeurs ont été des activités cousines que
Johann Sebastian Bach a pratiquées tout au long de sa vie. La
transcription lui servira pour se faire la main au style italien,
qui sera comme une révélation pour lui à Weimar (1708-1717). Il
transcrit pour le clavecin ou l’orgue des concertos pour violon,
surtout
d’Alessandro et de Benedetto Marcello ainsi que de Vivaldi
(dont l’influence demeurera toujours capitale : pensons à la
brillante transcription en la mineur pour quatre clavecins BW V
1065, écrite pour Leipzig, du Concerto pour quatre violons op. 3 n° 10 en si mineur du prêtre vénitien). Bach emprunte aussi pour
les insérer dans ses propres compositions des thèmes de Legrenzi,
Corelli, Albinoni et Vivaldi, puis continue d’y copier des œuvres
de Frescobaldi et de Bonporti. Il ne cessera en fait
jamais de copier ou de faire copier par ses élèves la musique
d’autres auteurs, pour des raisons pédagogiques certainement, mais
aussi pour des raisons bien pratiques : varier le répertoire de
ses églises à Leipzig tout en allégeant vers la fin de sa vie sa
charge de travail pour les services religieux. Et il finira par
appliquer à l’œuvre d’un autre une technique d’adaptation
séculaire qu’il avait lui-même appliquée à plusieurs de ses
propres cantates profanes pour les rendre sacrées : la parodie,
où l’on ajuste un texte nouveau à une composition existante, avec
quelques aménagements.
C’est ainsi qu’entre les années
1741 et 1746, à Leipzig donc, Bach rend un fascinant hommage à
Giovanni Battista Pergolesi (1710 -1736) : le motet Tilge,
Höchster, meine Sünden, BWV 1083 d’après le célèbre Stabat Mater
du compositeur italien. L’œuvre de Pergolesi a été écrite quelques
jours avant la mort prématurée du musicien, pour connaître un
succès phénoménal et presque instantané dans toute l’Europe.
Destiné au culte catholique de la Semaine sainte, le Stabat Mater
était construit sur une belle séquence du XIIIe
siècle évoquant
les douleurs de la Vierge Marie lors de la Passion. La parodie de
Bach y substitue une paraphrase en allemand sur la version luthérienne du
Psaume 51 (le Miserere). Cette adaptation de Bach
n’est connue que depuis le milieu du XXe siècle. Comme toujours
chez Bach quand il effectue une transcription, il
ne fait pas que copier l’original mais l’adapte avec soin au
nouveau texte. Celui-ci impose des changements, des réaménagements
: Pergolesi s’efface quelque peu et c’est une vision plus dense de
cette musique que l’on retrouve dans le Psaume 51.
Antonio VIVALDI
(1678-1741)
Entre musique et religion
Antonio Vivaldi
est né le 4
mars 1678 à Venise. Il apprend très jeune à jouer du violon aux côtés
de son père, violoniste à la basilique Saint-Marc. En 1703 pourtant,
il se fait ordonner prêtre. Son asthme l'empêchant de dire la messe,
il donne en parallèle des cours de violon à l'Ospedale della Pietà. Rapidement, ses qualités de professeur, interprète et compositeur lui permettent de devenir maître de violon puis maître de composition. Sa popularité traverse les frontières italiennes, et en 1711,
Vivaldi publie son recueil de douze concertos pour violon "L'Estro armonico" chez un célèbre éditeur d'Amsterdam. Le succès est tel que ses compositions atteignent l'Europe du Nord et que Jean-Sébastien Bach en transcrit une partie pour claviers. En 1712, un deuxième recueil intitulé "La Stravaganza" est publié, suivi l'année suivante de l'opéra "Ottone in Villa à Vicenza".
De la gloire à l'oubli
Tous ces chefs-d'œuvre lui permettent de composer de la musique religieuse en tant que maître de chapelle à la Pietà et de partir en tournée en Italie, en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas. Malheureusement, la majorité des pièces datant de cette période ont désormais disparu.
Vivaldi est ensuite nommé maître de chapelle pour le prince de Mantoue en 1718, avant de partir une nouvelle fois en tournée à travers toute l'Italie. En 1724, il compose le recueil "Il Cimento dell' armonia e dell' invenzionze", dans lequel se trouvent les célèbres "Quatre Saisons". Trois ans plus tard, il dédie "La Cetra" à l'empereur d'Autriche Charles VI, puis il part en 1735 servir le duc de Lorraine François Stéphane, futur François Ier, tout en reprenant son poste à la Pietà. En 1738, il est chargé des exécutions musicales pour le centenaire du Théâtre Schouwburg à Amsterdam, un an avant la publication de "Foraspe".
Vivaldi quitte Venise l'année suivante, pour des raisons inconnues, et décide en 1740 d’arrêter la musique et de s’installer à Vienne. Il décède le 28 juillet 1741 d'une "inflammation interne" (terme de l'époque) dans la pauvreté et l'oubli. Cependant, une messe de requiem, dans laquelle chante le jeune Joseph Haydn, lui est offerte dans la cathédrale Saint Etienne. Son corps repose aujourd'hui au cimetière de l'hôpital de Vienne.
|
|