L
orsqu'en 1982 François Legée créa l'association musicale GRADUS AD MUSICAM, ce fut pour interpréter le Requiem de Mozart. Cette œuvre emblématique du grand répertoire choro-symphonique a marqué l'histoire de notre association. Elle manifeste en effet sa volonté de s'adresser à un public très large intéressé d'abord par la musique du cœur. C'est pourquoi Mozart a souvent été à l'honneur dans les programmes du GAM et le sera encore cette année pour célébrer le 40ème anniversaire de la création de GRADUS AD MUSICAM.
Mozart composa son Requiem dans un dernier soupir. Un
soupir de regret de quitter les vivants, mais aussi de soulagement d'avoir
pu donner à la postérité son ultime chef-d'œuvre,
qui suscite dans toutes les générations un engouement sans égal.
Cette œuvre, d'une puissance dramatique extraordinaire, est l'incarnation suprême de la musique douloureuse et poignante, mais aussi bienfaisante et exaltante, où l'on passe de l’ombre à la lumière, de la peur du néant à l’espoir de l’éternité bienheureuse.
Antonio VIVALDI Concerto pour deux violoncelles en sol mineur
Wolfgang Amadeus MOZART Deux airs pour soprano
Requiem en ré mineur
Chœur & Orchestre GRADUS AD MUSICAM
Direction
François LEGÉE
Dimanche 20 novembre 2022 à 17h
Salle Poirel Nancy
Tarifs (hors frais de location) :
- 22 €
(1° catégorie: orchestre et 1er rang de balcon)
- 19 € (2° catégorie : balcon)
- 17 € (réduit* : toutes catégories)
- 6 €
(lycéens/étudiants jusqu'à 26 ans)
- gratuit en dessous de 16 ans
* Chômeurs et groupes + de 10 personnes
Billetterie à l'entrée du concert
Renseignements : Gradus Ad MusicamMél. : gam@gradus-ad-musicam.com Tél. : 03 83 21 09 19
Réservations : Salle PoirelMél. : poirel@nancy.fr Tél. : 03 83 32 31 25
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La mort de Mozart
E
n septembre 1791, Mozart rentra à Vienne très fatigué après une série de représentations de La Clémence de Titus données à Prague à l'occasion du couronnement de l'empereur Leopold II comme roi de Bohême. Dès lors, ses journées furent rythmées par un travail harassant en dépit d'une aggravation discontinue, mais inexorable, de la maladie qui devait l'emporter.
Le dimanche 20 novembre 1791, on célèbre la centième représentation de son opéra La Flûte enchantée. Mozart, malade, doit s'aliter et interrompre à nouveau tout travail suivi sur le Requiem. Plusieurs musiciens se réunissent à son chevet et Mozart leur demande de lui faire entendre les séquences terminées du Requiem ; lui-même essaie de chanter la partie d'alto.
Le samedi 3 décembre, Mozart déclara à Sophie Haibel, la sœur de Constanze, donc sa belle-sœur, qu'il se sentait tellement mieux qu'il envisageait d'aller rendre visite à sa belle-mère pour sa fête quelques jours plus tard. Mais dès le lendemain, son état s'aggrava terriblement. Sophie raconte : “...Je retournai en courant chez ma sœur éplorée. Süssmayr était au chevet de Mozart. Le célèbre Requiem était posé sur le couvre-lit et Mozart lui expliquait comment, à son avis, il fallait l'achever après sa mort. ... On chercha pendant longtemps Closset, le docteur, qu'on trouva au théâtre, mais il lui fallut attendre la fin de la pièce. Il vint alors et ordonna qu'on lui plaçât des cataplasmes froids sur sa tête brûlante, ce qui l'affecta au point qu'il perdit connnaissance et rendit l'âme peu après. Son dernier geste fut de vouloir imiter avec sa bouche les timbales de son Requiem - je l'entends encore.”
C'est ainsi que Mozart mourut, le lundi 5 décembre 1791 vers une heure moins cinq du matin, à l'âge de 35 ans, probablement d'une maladie rénale.
Un enterrement de troisième classeMozart reçoit un enterrement de troisième classe, usuel pour la bourgeoisie moyenne à cette époque : le service funèbre se déroule, sans messe ni musique, dans une chapelle latérale de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne.
Le 6 décembre 1791, le corbillard conduisit le corps à la tombée de la nuit - comme c'était la règle - au cimetière Saint-Marx, alors situé dans la banlieue de Vienne, dans une fosse commune ordinaire pouvant contenir seize corps avec des couches de terre par rangées. Les restes n'ont pu être identifiés et ce n'est qu'en 1859 qu'un cénotaphe (ci-dessous) fut édifié au cimetière en guise de sépulture.
Joseph Haydn séjournait à Londres depuis le début de l'année 1791. Il apprit la mort de Mozart au cours du mois de décembre et fut bouleversé par la perte cruelle de son ami, qui, un an auparavant, avait tenté en vain de le dissuader de quitter Vienne. Le vieux compositeur, qui allait de triomphe en triomphe dans la capitale anglaise, ne put retenir ses larmes lorsqu’il apprit la mort de son jeune ami : "Je suis resté longtemps prostré et n'arrivais pas à croire que la providence eût si brutalement ôté la vie à un homme aussi irremplaçable ..." écrivit-il dans une lettre en janvier 1792. Et en effet, la mort prématurée de Mozart est assurément la plus grande tragédie de l'histoire de la musique. En 1784, Haydn avait déclaré à Leopold Mozart, le père de Wolfgang : « Je dois vous le dire devant Dieu, et comme un honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne et de nom ».
Le Requiem de Mozart
A
u cours de l'été
1791, Mozart reçoit la commande anonyme d'une Messe des Morts. On apprit plus tard que cette commande provenait d'un certain comte Walsegg, qui souhaitait faire exécuter cette œuvre en mémoire de son épouse bien-aimée, décédée à l'âge de vingt ans. Bien que surchargé de travail, MOZART commence immédiatement à travailler à cette commande, s'interrompt plusieurs fois et s'y consacre plus sérieusement à l'automne. Sur le manuscrit autographe figure la date de 1792. Rien d'étonnant en vérité : en raison du travail de composition phénoménale de l'année 1791 (La Clémence de Titus, La Flûte Enchantée, le Concerto pour clarinette, le dernier concerto pour cor, etc.), Mozart sait qu'il n'aura jamais achevé le Requiem avant la date exigée par son commanditaire, février 1792.
Œuvre inachevée, vie inachevée
Au fur et à mesure que la composition avançait, la santé de Mozart se dégradait. Et à sa mort, le 5 décembre 1791, il avait uniquement écrit l'intégrale de l'Introït (Requiem Æternam) pour tous les instruments et le chœur. Pour la pièce suivante, le Kyrie, ainsi que la majeure partie des vingt strophes de la séquence Dies irae (de la première, Dies Iræ, à la seizième strophe) et du Confutatis, seules les voix du chœur et la basse continue étaient terminées. Au-delà, seuls quelques passages importants de l'orchestre étaient esquissés. Le Lacrimosa se terminait à la huitième mesure, il resta inachevé. Dans les années 1960, on découvrit une ébauche de fugue sur l'Amen, qui devait visiblement conclure ce Dies Irae. Les sections suivantes, Domine Jesu Christe et Hostias, ne comprenaient que le chœur et une partie de la basse continue. Il manquait l'intégralité du Sanctus, du Benedictus, de l’Agnus Dei, et de la Communio.
Une œuvre théâtralePour écrire son œuvre, Mozart s’est appuyé sur le découpage du texte utilisé par son ami Michael Haydn pour son Requiem en ut mineur (cf. ci-dessous). Il choisit la tonalité de ré mineur qui évoque souvent la mort sous sa plume et dont Schubert se souviendra pour son quatuor La Jeune Fille et la Mort. Il s’est aussi inspiré du Messie de Haendel qu’il avait réorchestré à la demande de son mécène le baron van Swieten : le Kyrie est calqué sur la fugue And with His stripes we are healed. Le Requiem de Mozart est résolument théâtral. La musique suit l’alternance de moments de terreur, de joie, de supplication, d’élévation et de piété des Écritures. Comme toujours chez lui, les moments de silence et de stupeur sont d’une rare intensité. Dans son écriture et dans sa dimension spirituelle, Mozart est au sommet de son art.
L'épilogueSa femme Constanze a fait achever le Requiem par des élèves de Mozart, notamment Franz Xaver Süssmayr, et ce pour deux raisons : honorer la commande (et toucher le reste de l’argent promis), mais aussi par fidélité au compositeur qui avait laissé des instructions. Le 2 janvier 1793,
une version à peu près complète fut donnée par le baron van
Swieten dans la salle de concert du restaurant Jahn (appelée "salle Jahn") à Vienne, où Mozart avait donné, en mars 1791, son dernier concert en tant que pianiste ; et le 14 décembre le comte Walsegg dirigea la version complète à
l’abbaye de Neukloster à Wiener Neustadt (à 50 km au sud de Vienne). C’est le 20 avril 1796 que le Requiem de Mozart fut
donné au Gewandhaus de Leipzig avec Constanze Mozart en soliste. Il aura
fallu moins de cinq ans pour que l’œuvre sorte de Vienne et entame son tour
de monde, qui ne s’est jamais arrêté.
La mort, matrice du requiem
L
a peur et la répulsion qu'inspire la mort sont
des sentiments universellement répandus. Les arts ont abondamment
dépeint ces sentiments,
pour illustrer et bien sûr aussi conjurer cette angoisse fondamentale,
qui borne et structure la vie & l'activité humaine.
La musique est particulièrement apte à donner à la
mort un habillage expressif propre à susciter la terreur et
la pitié. C'est ainsi que
le requiem est au cœur de l'émotion musicale & humaine
: il magnifie le chagrin & embellit le deuil bien au-delà de
toute religiosité. Il implique en effet tout un décorum destiné à mettre
en valeur le défunt et l'affection de ses proches venus lui rendre
un dernier adieu, et quêter pour eux-mêmes la sérénité et le courage
d'affronter l'immensité de la mort. Et bien sûr, croyant
ou non-croyant, nul n'échappe à la
magie du requiem : les trompettes tonitruantes du jugement dernier,
la
colère diluvienne des chœurs déchaînés,
la poignante déploration du Lacrimosa,
les fugues effrénées des
voix qui s'entre-suivent, s'entre-croisent, s'entremêlent, s'entr'accrochent
& s'entre-choquent, et la lancinante et déchirante
supplication requiem aeternam dona eis : donne-leur le repos éternel.
Et en effet, le mystère de la mort & de l'éternité est
une préoccupation
centrale de la vie humaine, qui, par-delà la religion, associe
le cœur
de tous les hommes à travers
la musique.
Haydn & Mozart,
frères en requiem
D
ès les premières mesures du Requiem de Michael Haydn, on est frappé par la similitude. Ce n'est pas une coïncidence : Mozart, pour composer son Requiem en 1791, s'est inspiré de celui de son ami, qu'il avait entendu et aimé à Salzbourg vingt ans plus tôt. En effet, Michael Haydn (le frère de Joseph Haydn) était maître de concert et compositeur dans l'orchestre du prince-archevêque, où Mozart fut lui-même violoniste.
Le jeune Mozart, âgé de quinze ans en 1771, fut certainement impressionné par ce magnifique Requiem de Michael Haydn, qui fut donné aux funérailles du prince-archevêque de Salzbourg Sigismund von Schrattenbach et lui servit ensuite de modèle pour composer le sien, de juillet à décembre 1791, juste avant de mourir.
De nombreuses analogies sont flagrantes : la structure de la composition est identique, l'introït en tuilage suit le même ordre basse ténor alto soprano, les séquences et lux perpetua et quam olim Abrahae, sont étrangement semblables ; Süssmayer, qui termina le Requiem de Mozart, se souviendra lui aussi, sans doute sur les instructions de son maître, de l'œuvre du Haydn de Salzbourg.
Michael Haydn mourut bien après Mozart, en 1806. Son Requiem fut interprété au décès de son frère Joseph, en 1809.
GRADUS AD MUSICAM 1982-2022
Q
uand en 1982 François Legée fonde le Chœur et Orchestre GRADUS AD MUSICAM, il poursuit, avec les quelques amis musiciens qui l’accompagnent à cette époque, un double objectif : aborder le répertoire choro-symphonique avec rigueur et passion, en pariant sur l’énergie déployée pour obtenir l’engagement des musiciens, première étape pour des prestations de qualité.
Éclectique dans ses choix, François Legée privilégie les contacts avec des artistes, chanteurs, musiciens, comédiens, metteurs en scène, danseurs, avec la volonté affirmée depuis 40 ans de créer des passerelles entre les genres et les gens : professionnels, amateurs, jeunes et moins jeunes …
Parallèlement à son travail de pédagogue, il s’est orienté dès l’âge de 20 ans vers la direction de chœur et d’orchestre (assistant de Jacques GRIMBERT, directeur de la musique à l’Université de Paris-Sorbonne, et élève de Jean-Sébastien BEREAU, professeur de direction d’orchestre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris).
Après avoir enseigné dans l’Éducation Nationale et avoir occupé de nombreuses fonctions dans la formation continue des enseignants, et à la Délégation Académique à l’Action Culturelle, il a été jusqu’en 2017 directeur du CEFEDEM de Lorraine (Centre de Formation Supérieure des Enseignants de la Danse et de la Musique).
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GRADUS AD MUSICAM est une association de type loi de 1901 composée de diverses formations chorales et orchestrales. Son objectif est de permettre au plus grand nombre d'accéder à des productions musicales de haut niveau, par des structures spécifiques de travail et de formation. Le répertoire de GRADUS AD MUSICAM englobe la musique chorale, concertante, symphonique et choro-symphonique du XVIIème au XXIème siècle.
GRADUS AD MUSICAM s'applique d'abord à faire vivre l'héritage des grands musiciens du passé: Monteverdi, Vivaldi, Bach, Haendel, Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms, Mendelssohn, Dvořák, Berlioz, Fauré, etc.
Notre association s'attache également à interpréter la musique d'aujourd'hui : c'est ainsi qu'elle a chanté en mai 2022 Messe un jour ordinaire de Bernard Cavanna avec l'ensemble réputé Les Métaboles et chantera en mars 2023 Métamorphoses de Philippe Hersant. Elle passe aussi commande d'œuvres à des compositeurs actuels.
Les compositeurs les plus classiques et les plus célèbres, comme ceux sus-cités, côtoient des musiciens plus populaires comme Theodorakis, Ferré ou Perruchon, ou même de la musique pop - rock, comme dans le concert Symphopop donné en 2018 et repris en 2022, ou le concert Laguerre/Sok qui sera donné en mars 2023.
Des œuvres incontournables aux redécouvertes les plus pointues, François Legée, directeur musical de GRADUS AD MUSICAM, se plaît, à chaque concert, à surprendre par la vitalité et le dynamisme de l'interprétation qu'il propose, aux côtés de solistes reconnus et aguerris.
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Abonnement 2022-2023
- MOZART
- BEETHOVEN / SCHUMANN / BRUCH
- DURUFLÉ / HERSANT
- BERLIOZ / DVOŘÁK
Abonnement 4 concerts
- Tarif normal : 72 €
- Tarif réduit* : 67 €
*Chômeurs et groupes + de 10 personnes
Abonnement 3
concerts
- Tarif normal : 55 €
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Tarif réduit* : 52 €
*Chômeurs et groupes + de 10 personnes
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