In Memoriam
Bien chers amis,

Ce que je redoutais, suite à ma visite auprès de toi la semaine passée, est arrivé : le mal qui rongeait ton corps depuis de si longs mois t’a emporté. C’est ce même mal qui t’avait empêché de participer aux spectacles des Carmina Burana pour lesquels tu avais, comme à ton habitude, beaucoup travaillé, avec enthousiasme, professionnalisme, et discrétion.
Enthousiasme, pour le spectacle de claquettes qui fut notre première collaboration. Les deux danseuses new-yorkaises se souviennent de ta disponibilité pour faire et refaire, inlassablement et avec gentillesse, les pas de deux qu’elles inventaient pour nous. Les enfants du collège Guynemer que tu as emmenés dans une belle aventure jusque dans la salle Poirel, savaient que l’énergie que tu as déployée pour eux les amènerait à aller au-delà d’eux-mêmes.
Professionnalisme, quand je te demandais de te risquer dans des répertoires qui n’étaient pas forcément les tiens, mais pour lesquels tu avais la curiosité suffisante pour t’y atteler avec force. Nous t’avons fait jouer tout ce que nous jouions et nos regards complices, avec Marcel Khalifé notamment, en disaient long sur les galères dans lesquelles nous t’embarquions.
Discrétion enfin. Tout le monde te connaissait, voyait tes mains agiles et puissantes s’agiter à la fois avec force et délicatesse, tantôt sur des bongos, ou sur des toms, voyait tes mailloches se préparer à porter tout l’orchestre dans Dogora, tout le monde t’entendait mais peu de gens savaient la finesse que tu savais insuffler dans tes relations amicales. Discret, certes, mais fidèle.
Tu vas nous manquer, à nous les musiciens du GAM, mais aussi à tes beaux enfants, à Fanny, à ta famille, à tes amis, c’est une évidence, mais je garderai ce que tu as bien voulu me laisser de toi, il y a quelques jours à peine : un regard franc et clair qu'illuminait un large sourire.
Merci Frédéric.

François Legée
Eglise de Jarville, 20 octobre 2007


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